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Ma vie dans l'ignorance...
07/08/2016 17:01
« Ah celui-là, avec son optimisme, il ferait fleurir un désert » de Jean Teulé
J’avais écrit et publié sur les réseaux sociaux, un article sur la perception du temps. En réponse, un commentaire posté ce matin m’a interpelée. Une « amie » me dit que Pierre Rabbi a écrit « le plus grand problème de l’homme c’est de ne pas savoir quand il va mourir ».
Plus la matinée avançait et plus cette phrase revenait en boucle dans mon esprit.
Petite, j’ai souvent entendu mon grand-père, qui était la sagesse même et qui est mort centenaire, dire à la petite intrépide, toujours pressée que j’étais et que je suis encore, « le jour où on pourra lire sur notre front, on connaîtra la date de notre mort. Alors prends le temps de vivre ».
Aussi je me suis posée la question : serais-je intéressée de connaître la date de ma mort ? Est-ce que d’aucuns aimeraient la connaître ou seraient-ils dans le traumatisme de ne pouvoir maîtriser la date fatale ? Et si j’arrivais à lire la date de ma mort sur mon front quelles seraient mes préoccupations jusqu’au jour J, surtout s’il était proche ? Serais-je toujours aussi optimiste ?
La mort n’a jamais été, ni un problème, ni une crainte, ni une hantise, ni une fin en soi pour moi. Je vis ma vie chaque minute de toutes les heures de tous les jours de toutes les années sans y penser, comme un cheval lancé au galop que rien n'arrête. Mais encore ?
Un malade cancéreux par exemple, qui s’entend répondre à sa question pressante posée à son médecin sur le temps qu’il lui reste à vivre : « je ne sais pas trois mois, tout au plus six ». Le malade va réagir soit en se battant et il vivra encore un peu plus longtemps, voire activera sa guérison au grand étonnement de toutes les médecines réunies qui n’avaient pas donné cher de sa peau. Soit se laissera-t-il mourir sur le champ ne voulant plus se battre ni souffrir. Jusque-là c’est la routine du duel entre la vie/la mort. Le destin !
Mais poussons un peu plus loin le bouchon. Imaginons que tout le monde sait quand il va mourir. Comment « tout le monde » réagira-t-il ?
Certains, paniqués de voir leur vie s’achever incessamment sous peu, vont chercher à réaliser leurs fantasmes, puisqu'ils n'ont plus rien à perdre. Et là, au secours ! Nous aurons encore plus de tueurs dans les rues, de violeurs, de jaloux, de fantasques.
N’est-ce pas un peu ce qui se passe avec ces barbares, qui eux savent quand ils vont mourir, puisqu’ils l’ont décidé ? Ils veulent en finir avec leur vie qui les encombre et ils sont prêts à tout. Ce sont des déséquilibrés, des malades mentaux, nous dit-on. Certes on le serait pour moins que ça. En attendant la mort a pris tout le monde par surprise mais n’est-ce pas mieux que vivre dans l'attente d'une mort annoncée ? Parce que savoir quand on va mourir n’est pas suffisant, encore faut-il savoir comment on va mourir ?. Mais là on déjouerait tous les pièges de la mort et on deviendrait invincible. Des extraterrestres en quelque sorte.
Ainsi, soyons sérieux tout de même, n’est-il pas dangereux de savoir quand tout va s’arrêter ? Ne vaut-il pas mieux vivre avec l’espoir des jours heureux, les envies à réaliser, l’avenir devant soi à construire, sans se poser la question du genre « à quoi bon ? Pour moi c’est foutu, je meurs demain » !
Alors est-ce bien le plus grand problème de l’homme que de ne pas connaître la date de sa mort ?
À votre santé !
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"L'oiseau"
06/08/2016 14:59
“Les oiseaux, c'est comme l'amour, ça a toujours existé. Toutes les espèces disparaissent, mais pas les oiseaux. Comme l'amour.” De Marguerite Duras
Comme l'oiseau,
tu voles de cœur en peur,
de liesse en détresse,
de joie en désarroi,
Comme l’oiseau.
puis un jour l'oiseau trouve son nid
car par l’oiselle est conquis
d’amour tous deux pépient
Se promettant le bonheur à l’infini.
plumes soulevées d’ardeur
en désordre battent les cœurs
pour combien de temps ?
Le temps importe peu pourtant,
seule demeure la jouissance
de l'instant vécu en alliance.
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Les pendules à l'heure...
31/07/2016 15:56
« La perception du temps, le plus grand ennemi que l’homme ait à affronter » de Emil Cioran
Dis petit, c’est quoi pour toi, au juste, le temps ?
Le temps ! Qu’en est-il du temps ? Prendre son temps, perdre son temps, vivre avec son temps, ou prendre le temps de vivre, le temps est au beau, à la pluie, aux regrets, aux larmes, aux sourires. Le temps d’une valse, le temps d’un soupir, donner du temps au temps, puis un jour viendra le temps de rendre l’âme… sans en avoir pris le temps !
Pourquoi les aiguilles d’une montre, paisiblement, lascivement, régulièrement, inexorablement, immanquablement, tournent dans le même sens, au même rythme ? Pourquoi le jour arrive-t-il après la nuit, la pluie après le soleil, l’hiver après l’automne, les heures creuses après les heures pleines ?
Pourquoi aujourd’hui cette nostalgie du temps ? Pourquoi ce regard aigu vers le temps que l’on ne peut garder pour soi, qui entre nos doigts comme du sable fin s’écoule ? Pourquoi le temps transforme-t-il le roc en une falaise friable dans un brouillard de tristesse ? Cette tristesse qui me colle à la peau depuis peu de temps.
Je repense à cette soirée du 14 juillet. La joie, la fête, la musique, le bruit, le feu d’artifice. Puis le temps pour 84 personnes s’est arrêté sous les roues d’un camion. Sous la folie meurtrière d’un seul homme. Lui-même pris au piège de ce temps qui ne lui appartiendra plus. Mais lui a pris le temps de préparer son infamie. L’infâme !
Il m’a fallu tout ce temps pour pouvoir en parler.
« Entre-temps » la vie a repris son cours car le temps n’attend pas, attentat ou pas.
- Avec son chassé-croisé de vacanciers qui pour tuer le temps dans les embouteillages, envoie des messages sur les réseaux, ah j’oubliais des selfies « voyez comme le petit s’amuse dans les aires de repos ». De notre temps le ridicule ne tue plus. Mais au fait, l’inquiétude me gagne. A-t-on sécurisé les aires de repos, fouillé les valises, les coffres de voiture ? Sait-on jamais ! Par les temps qui courent.
- Les grèves d’Air France dont le personnel profite toujours du temps des vacances pour empêcher la terre de tourner rond. Logique, il faut déranger… tout le temps !
- Sauf pour les victimes qui n’ont pas eu le temps de voir venir à elles la mort parce qu’elles n’auraient pas pris du temps au temps pour évacuer la Promenade des Anglais. C’est la faute à la pression populaire, dixit un homme politique, qui de plus, est un collectionneur, devinez « de montres ». Eh oui le temps n'a pas de prix ! Il se reconnaitra aisément. Avait-il pris le temps de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de proférer une telle ineptie!
Dis petit, c’est quoi pour toi, au juste, le temps ?
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Muette... le temps d'une réflexion
29/07/2016 22:12
Le temps de laisser passer la tristesse, l'amertume, le désarroi. Le temps de comprendre vraiment ce qui s'est passé en un rien de temps. Le temps d'une folie meurtrière de barbares qui ne vivent plus avec leur temps. Et je reviens vers vous dans très peu de temps.
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"Il est où le bonheur ? Mon témoignage
20/07/2016 11:23
« La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté » de François Mauriac
J’ai lu, partagé, approuvé, commenté par-delà tous les réseaux amis, ces derniers événements c’est-à-dire cette tuerie effarante. J’ai failli en être, mais la mort était aux aguets juste un peu plus loin. Elle n’a pas voulu de moi. Un pneu qui éclate, une embardée et l’envie prévue d’aller faire la fête à Nice en ce jour de 14 Juillet s’est pulvérisée. Une grande frayeur mais si insignifiante par rapport à ce qu’ont dû vivre les pauvres victimes. Alors, en me réveillant vendredi matin, j’avais de nombreux messages sur mon Iphone « Un tel ou une telle est en sécurité à Nice »… je me frottais les yeux, encore et encore. C’est une plaisanterie ? Non ce n’est pas possible. J’allume mon poste de télévision, et là les infos qui tournent en boucle, le sensationnel, les vidéos prises sur le vif et je m’interroge. L’horreur en direct filmée par des quidams postés derrière leur fenêtre et relayée sur toutes les chaines de télévision, une honte ! Je suis révulsée. Comment peut-on filmer l’horreur impassiblement de sa fenêtre ? Comment ne pas courir porter secours à ces enfants, ces femmes, ces hommes ? L’homme avec ses faiblesses n’est-il pas à l’image de tout ce qui se passe aujourd’hui ? Ces téléphones portables qui servent à tout sauf à téléphoner, ces réseaux sociaux où chacun vient exhiber sa vie, voilà de quoi est fait notre monde actuel, de l’éphémère, des sables mouvants, des serpents qui grouillent, des loups qui rôdent et des innocents qui tombent.
Comme le lendemain des attentats de Novembre où je devais dédicacer à Marseille, je me suis demandée si j’aurais le courage d’aller présenter mes livres à Montauroux. Si la décence ne me commandait pas de tout annuler et de rester à la maison. La révoltée qui est en moi m’a dit : « vas-y, tu n’es pas une ingrate ». Les premières personnes qui passaient devant ma table semblaient hagardes, encore sous le choc. J’ai même eu le sentiment que mon sourire les agressait. Certaines m’ont dit « non, non je passe en coup de vent et je rentre chez moi ». Un monsieur avec son fils m’a demandé si je savais où étaient les cartes routières, ils partaient en vacances le lendemain et la promenade des anglais était fermée à la circulation. Je me suis dit «chacun pour soi et Dieu pour tous, la vie continue ». J’étais un peu découragée, gênée, stressée, ne sachant que dire ou faire, puis s’est arrêtée devant moi une femme qui me dit « je ne devais pas venir ici, je travaille dans une heure et là j’ai envie de bavarder un peu avec vous ». Et on a bavardé. Elle est maître-nageuse, habitant le Nord, venue exercer sa profession durant l’été sur la Côte d’Azur. Mes livres, elle les lira en octobre, à son retour chez elle. Un couple de retraités qui ne lit pas, passé pour une bricole et qui s’arrête également pour me raconter son quotidien. Un monsieur m’a demandé si je savais qui avait envoyé le premier mail de la France vers les Etats-Unis ? C’était lui Jean-Claude avec son fils… Et bien sûr nous avons enchaîné sur les dérives des réseaux. Mais personne n’abordait le drame niçois. Les âmes de toutes les victimes planaient au-dessus de nos têtes. Les échanges tendus du matin ont évolué positivement au fil du temps.
Plus la journée avançait et plus les gens m’offraient leurs pensées positives. Puis le lendemain, tout est rentré dans l’ordre. Les gens avaient besoin de se sentir vivants, de rire, de plaisanter, de se faire plaisir. Cette maman française, née dans la région mais vivant en Suisse, accompagnée de sa fille et de son mari. Elle a voulu prendre des photos pour immortaliser notre rencontre et en partant son mari m’a dit « à tout de bon » expression suisse pour me souhaiter le meilleur m’a-t-il expliqué. Cette petite fille à qui je racontais un peu « Gracieuse et Panache » et qui m’a chuchoté : « je veux vous dire quelque chose dans l’oreille, vous êtes très gentille ». J’ai imaginé aisément qu’elle pensait au méchant dont tout le monde parlait depuis deux jours. Tous ces gens généreux qui m’écoutaient avec un plaisir évident et une générosité sans faille. Une dame a essuyé furtivement une larme. Elle ne devait pas être là mais traumatisée par le décès d’une amie à Nice est venue se changer les idées : « Vos livres c’est Noël avant l’heure, ils me seront d’un bon réconfort ». Le hasard était présent dans bien des discussions… Le hasard qui fait les rencontres, parfois dramatiques mais souvent euphoriques et attendrissantes.
La responsable du magasin était étonnée de voir autant de monde pour un mois de juillet. Les gens avaient besoin de quitter ces informations qui tournaient en boucle à la télé, ce voyeurisme, ce lynchage politique. Ils avaient besoin de bavarder, d’exorciser le malaise qui les habitait, de refuser le fatalisme ambiant.
ILS ONT BESOIN D’AIMER ET ILS ME L’ONT PROUVÉ.
Le pire des sentiments qui anime ces fous, ces barbares, ces tueurs, s’intitule L’INGRATITUDE. Ils mordent la main qui leur a été tendue sous des prétextes les plus fallacieux qui soient !
Quant à moi, juste MERCI à vous toutes et tous. Vous m’avez ouvert la porte de votre cœur, avez fait entrer mes livres chez vous en toute confiance et en toute amitié.
« Il est où le bonheur ? Je veux chanter mes plus belles notes et ça ira mieux demain… Il est là dans le cœur et la tête » chante Christophe Mahé.
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