« On n’a vraiment rien vu venir, en quelques battements de cils, comme le temps passe, la vie défile, on a tellement de souvenirs… » Julie Zenatti - les amis.
Qu’est-ce que l’Amitié ? Pourquoi l’Amitié ? Éphémère amitié ou éternelle Amitié ? Pouvons-nous nous passer de l’Amitié ?
AM-itié qui commence comme AM-our. Deux sentiments, si différents et si ressemblants. Si révélateurs de ce que nous sommes. De notre capacité à comprendre l’autre… ou à l’aimer !
Toutefois l’Amitié c’est aimer sans se le dire. On ne dit pas je t’aime à un ami. Nul n’est besoin de se faire des déclarations. On a juste besoin de le savoir là, de son oreille attentive, de ses conseils quand on ne voit plus clair… aveuglé comme nous pouvons l’être par nos chemins parfois alambiqués.
Mon ami Alain se pose la question : « Est-ce que des amitiés naissent sur ce réseau ? » Je n’y répondrai pas, ne voulant pas empiéter sur ses propres sentiments. Du reste il ajoute : « Comment deux personnes qui, peut-être ne se rencontreront jamais, peuvent-elles éprouver autre chose que ce qu’on appelle « des atomes crochus » ?
Est-ce si important de se voir « en vrai » ? Nos mots, nos échanges, nos sourires soupçonnés, nos émotions lorsqu’on imagine l’autre face à l’écran attendant la réponse, s’écrire en simultané dans le plus grand des mystères qu’est le Net, et s’inquiétant quand le silence se fait long ?
Depuis toute jeune j’ai toujours eu beaucoup d’amis. Une porte s’ouvre, une autre claque. Qui va à la chasse perd sa place. Amis à la vie à la mort ! Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. Promesses d’enfants qui ne tiennent pas sur la durée. À fortiori, lorsqu’on quitte tout, l’amour et les amitiés, pour fouler un sol inconnu. On se promet, on va s’écrire. Les promesses permettent d’avaler ses larmes et de se dire « on se reverra ». La vie a rebattu les cartes. D’autres amourettes, d’autres amitiés. Aucun ancrage, vivre sa vie avec rage ! Sous les pieds des sables mouvants et des rêves plein la tête.
Et l’on grandit avec l’épine fichée au cœur. D’amie je suis passée au statut de bonne copine. La bonne copine qui tend la main, qui aide, qui encourage. Celle à qui on peut tout dire sans crainte d’être trahi.
Le temps passe et l’on grandit encore un peu plus. Et viennent les nouvelles, le premier amour s’est marié. Les amies ont réussi leur vie. Nous ne fréquentons plus le même carré de sable, pas le temps ! Plus le temps ou plus l’envie ! Il nous faut endosser nos responsabilités. On devient parents. Puis grands-parents. On tourbillonne sans avoir le vertige, comme l’arbre qui frissonne, ses racines dans le sol gelé et son cœur brûlant sous l’ardeur du soleil.
Puis le temps des réseaux est apparu. D’abord comme une grosse farce. Ça ne marchera jamais ! Les premiers échanges sont timides. Comment faire confiance à un fantôme ? Puis on s’accoutume, puis on s’impatiente, puis on laisse passer des silences qui hurlent, puis on se retrouve… Puis… Puis… Puis… Et puis j’ai très peu d’amis, mais la qualité prime sur la quantité.
En amitié il n’y a pas de code, pas de mode d’emploi. Il y a un je ne sais quoi qui nous tient en haleine. Comme si « l’amitié possédait une éternelle jeunesse », n’est-ce pas Alain ?