« Car c’est par l’écriture toujours qu’on pénètre le mieux les gens. La parole éblouit et trompe, parce qu’elle est mimée par le visage, parce qu’on la voit sortir des lèvres et que les yeux séduisent. Mais les mots noirs sur le papier blanc, c’est l’âme toute nue. Guy de Maupassant.
En ce deuxième dimanche de janvier 2022 (déjà !), cette citation prend toute sa place dans mon esprit. Qu’en est-il de mes écrits, si sincères soient-ils ? Y ai-je mis mon âme à nu ?
Tout ou en partie, certainement ! La pudeur oblige souvent l’auteur à se cacher derrière ses personnages pour oblitérer ses souffrances… tout en leur prêtant ses propres délires. Visage masqué, l’auteur avance.
Pendant mes séances de dédicaces, souvent lors de la présentation d’un de mes romans, probablement à cause ou grâce à la passion que j’y mets, on me demande « c’est du vécu » ? Comment répondre et que répondre, sans casser le mythe de l’imagination débordante de l’auteur ou sans trop se mettre en danger avec le réel ? L’imaginaire et le réel dans un système de vase communiquant.
Nonobstant, est-ce que l’imaginaire n’aurait pas existé à un certain moment, puis aurait été volontairement oublié, pour renaître sous la plume exigeante ou intransigeante de l’auteur ? Tout ressurgit, rien ne s’oublie ! Alors tout s’écrit !
L’imaginaire se juxtapose souvent avec le réel. Qui des deux sera appréhendé par le lecteur ? Et c’est à mon tour, pendant l’échange avec celui-ci, d’imaginer ce qu’il ne me dit pas. Ce que cache ce regard humide, brillant, ou fuyant. L’émotion est palpable. Plus visible encore en cette période où le mouvement des lèvres se meurt sous le masque. Ne subsiste que l’essentiel, l’intensité des regards, au sens propre comme au sens figuré. Tout aussitôt, les mots libérés prennent une valeur inestimable. L’empathie réciproque se met en place. L’auteur s’en délecte. Un nectar émotionnel, un subtil parfum de Bonheur.
PS : Je ne reprends pas tout de suite mes séances de dédicaces pour des raisons personnelles. Quand les reprendrai-je ? Je l’ignore. Tout vient à temps pour qui sait attendre, me répondrait ma mère. Mais je ne bouderai pas mon plaisir d’être là parmi vous, le plus souvent possible.