« Conservons par la sagesse ce que nous avons acquis par l’enthousiasme » de Condorcet.
Un week-end sans dédicaces, presque sans écriture, presque sans internet, presque sans mail, presque sans stress. Enfin presque !
Un peu moins de tout c’est presque plus rien et ça fait du bien !
Un week-end libre de lire, de flâner, de manger, de rire, de dormir.
Un week-end en totale liberté, de mon plein gré, pour me ressourcer.
J’y suis arrivée et croyez-moi c’est un exploit. Mais l’obstination est passée par là.
Il faut savoir arrêter les compteurs et les remettre à zéro. Il faut aussi du courage !
Une nouvelle page s’ouvre pour quel avenir ? Et si l’avenir pouvait se programmer juste pour quelques mois, quelques jours, quelques heures d’un bonheur simple ? J’aime cette réflexion qui m’anime. D’où sort-elle ? Je me souviens … Hier …
Hier, samedi, en fin d’après-midi, j’ai repris mes quartiers dans mon petit carré de sable. Très peu de monde. Le tourisme de masse s’est volatilisé pour un retour au bercail. D’autres sont venus chercher un peu de bon temps, loin du bruit et sous un soleil toujours présent mais moins agressif. Enfin presque !
Je reconnais quelques retraités, des habitués. Chaque année, à date précise, ils sont là. Ils savourent paisiblement l’éternel décor azuréen. Aucune lassitude. C’est un peu d’eux qu’ils viennent retrouver ici. Les quelques rides supplémentaires qui s’affichent cyniquement sur leurs visages me rappellent à l’évidence. De toute évidence, ils doivent remarquer les miennes. Ils m’ont reconnue et me saluent d’un sourire convenu. Mon sourire, en retour, leur souhaite la bienvenue.
Un « fais gaffe, tu prends des risques inconsidérés » me fait tourner la tête. Deux femmes discutent en toute complicité. La mère, la fille ? La grande sœur, la petite sœur ? Deux amies ? Au fond quelle importance ? Ce sont des retrouvailles, de cela j’en suis sûre.
Le ton monte avec le déferlement de confidences qui s’enfilent comme des perles sur un fil d’acier. Ce fil qui les lie à vie.
Celle qui semble un peu plus jeune, ou est-ce un trompe l’œil, s’emballe, s’enflamme, s’emporte. Il faut qu’elle dise tout pour que l’autre comprenne bien.
L’autre écoute, les mains jointes, l’œil inquiet. À n’en pas douter un vent de folie est passé par là. Elle s’étonne, interrompt prudemment pour calmer la déferlante de propos qui deviennent presque incohérents tant le débit est rapide et saccadé. Elle fait mal par ses questions-réponses judicieuses et ciblées :
- Tu ne le connais pas, tu ne l’as jamais vu, qui est-il ce soi-disant ami, peux-tu vérifier tout ce qu’il te dit, c’est un dragueur, un prédateur, fais attention tu ne sais pas où tu mets les pieds.
- Tu t’inquiètes inutilement. Il est loin, on ne se verra jamais. C’est juste un ami avec qui j’échange. Je t’assure c’est sans aucun danger. Oui j’ai vérifié. Tout ce qu’il me dit c’est vrai. Je le sais ! Je sens ces choses-là. Et surtout il me fait rire, des fous rires qui durent une éternité au téléphone !
- En plus du net, il y a le téléphone. S’il te fait rire … il a tout gagné !
Je ne les écoute plus. L’une ne raisonnera pas l’autre. Qui peut conseiller quand l’autre ne veut rien entendre ? Qui peut protéger quand l’autre a envie de vivre sa révolution ? Une révolution perdue d’avance ? Mais rien n’est perdu d’avance et « ce qui est acquis n’est plus à prendre ».
Cette amitié … ou amitié amoureuse ou Âmour tout court, c’est de l’éphémère, à n’en pas douter. Elles le savent bien toutes les deux. L’autre crie encore « mais qu’importe » !
Plus tard, avec la sagesse, viendra en doux souvenir ce moment de bonheur et d’enthousiasme.