Ce matin un timide soleil fait son apparition. Il reprend ses droits. La plaisanterie a assez duré se dit-il ! Et moi et moi, je dois briller, réchauffer, libérer les angoisses.
Cela faisait deux jours que le ciel pleurait. De toutes ses forces. De tous ses chagrins. Pas de répit ! Menaçant de tout démolir. Frappant ici et là ! Tonitruant de toute son autorité incontestable. Qui peut l'arrêter ?
Mais que t'arrive-t-il ai-je envie de lui demander ? Pourquoi ? Je ne peux pas croire que c'est uniquement parce que nous sommes en hiver. Ici, d'ordinaire il pleut quelques heures et puis tu t'en vas vers d'autres terres, d'autres lieux, nous oubliant pour longtemps.
Ne me dis pas que c'est pour que nous nous ressaisissions, pour que nous arrêtions de faire n'importe quoi, pour que nous arrêtions la machine infernale qui nous a engloutis dans une spirale qui nous fait oublier tout discernement. À cette interrogation, tu redoubles de violence !
Et oui tu as bien réussi ton coup. Tout le monde est aux abris. Les hommes de chantiers, dans leur ciré orange, t'observent à se rompre le cou. Les routes sont impraticables. Les terrains sont gorgés d'eau, plus de matchs, plus de récréation pour les fans. Les hospitalisés pensent qu'ils sont punis doublement. C'est déjà bien triste un hôpital mais regarder désespérément tomber la pluie derrière une vitre c'est pire ! D'autres larmes viennent rejoindre les tiennes.
Seule la terre te sait gré de lui offrir de quoi s'abreuver, de quoi se ressourcer, de quoi la libérer du béton qui l'ankylose. Seuls les arbres, les rares fleurs hivernales brillent et goûtent à ton élixir, dégoulinant de volupté.
Tu as choisi le bonheur des uns au détriment des autres et tu as sûrement fait le bon choix. Ainsi va la vie : faire le bon choix, celui de la raison !