Tu es parti sans prévenir. Un coup de chaud sans doute. La catastrophe !
Je ne savais pas que tu comptais tellement dans ma vie. Que tu me la simplifiais, me l'agrémentais, me la magnifiais même. On vit tous les jours ensemble et on ne se voit plus. Tu étais ma chose, mes délices, mes caprices. Toujours là depuis combien de temps déjà ? Ouf quand on aime on ne compte plus. Mais qu'est-ce qu'il te prend à me lâcher ainsi sans prévenir ?
Ce matin, soudain plus rien ne va. Plutôt tout va de travers lorsque je découvre que tu n'allais plus répondre à mes attentes. Mon petit déjeuner s'est transformé en grimaces, en inquiétude. J'ai posé ma main sur ton corps. Tu n'étais pas comme d'habitude. Ton coeur ne battait plus. Tu étais en eau. J'ai insisté, palpé, touché partout. Rien n'y fit. Plutôt c'est toi qui n'en faisais qu'à ta tête. Tu me boudais.
La panique est à son comble. Je t'avais gâté ces jours-ci, te bourrant à la gueule et pour me remercier tu rends l'âme. On fait comment là maintenant ?
C'est pour ça qu'hier, innocemment tu as mis une publicité dans ma boite aux lettres ? Hasard ou préméditation ? Pour me donner un avertissement ? "Réfrigérateurs à prix sacrifiés disait l'annonce". Je n'avais même pas daigné la garder cette publicité. Elle avait servi de réceptacle d'épluchures de pomme de terre et avait fini à la poubelle toute chiffonnée. Pourquoi faire, je t'avais toi ! Et toi tu me largues.
Mon beurre a fait de l'huile, mon lait a tourné, l'odeur je n'en parle même pas !
Il fait très chaud, plus d'eau fraîche, plus de glaçons. je suis dégoûtée. Tu n'as pas choisi le meilleur moment pour me narguer et me faire savoir que tu es indispensable. C'est toujours comme ça !
Il ne me reste plus qu'à te remplacer mon déserteur ! Un de perdu, dix de retrouvé. Vite !