Aujourd'hui avec une grande tristesse, je voudrais saluer le départ de notre journaliste mort hier pour une cause qui n'était pas la sienne. Je ne le connaissais pas. Il était si discret malgré toutes ses récompenses valorisantes ! Il ne venait pas envahir les plateaux des médias pour faire du "moi je, moi je". Il partait pour ses missions avec la peur au ventre comme toute personne consciente du danger. Surtout que la mort le guettait sournoisement et depuis longtemps. Mais cette fois elle l'a emporté dans la meilleure des fins qui soit pour un journaliste : une mort instantanée. Toute la soirée son regard chaleureux m'a hantée. Dans ses yeux, pas de dureté , de l'humanité. Pas de voyeurisme, du charisme.
Je faisais le parallèle avec tous ceux qui se suicident parce que la vie leur parait insupportable, leurs problèmes insurmontables et toutes ces populations qui donnent leur vie pour une cause noble, pour laisser à leurs descendances un pays qui offre la volonté et la dignité. Pour cela des reporters vont au devant du danger et Monsieur Gilles Jacquier est de ceux-là. Un jeune père qui, en allant au devant du désespoir d'une population en souffrance, y a laissé son dernier souffle. Pour nous, pour des jours meilleurs. Il y croyait, nous devons y croire !
En même temps toutes les douleurs se valent. Il n'y a pas d'échelle de la douleur. Il n'y a pas de justificatif à brandir, ni de morale à établir. On souffre ! Certains ne savent pas le crier et la petite bougie s'éteint dans l'indifférence générale.
Il n'y a pas de parallèle, il y a des pointillés qui se rejoignent et nous empoignent.
En cette période de bataille politique, de slogans les plus ravageurs et stupides les uns que les autres, les hommes qui nous dirigent oublient que les enfants captent la violence verbale et risquent de la reproduire. Tendons plutôt l'oreille aux souffrances qui nous entourent, ici ou là-bas. Chaque petit geste compte, chaque petite pièce jaune, chaque petit sourire ou mot gentil peut avoir une grande portée en apportant de l'espoir. La générosité est à la portée de chacun d'entre nous. Développons-la en commençant à l'apprendre aux plus jeunes. Remettre à l'école l'éducation civique, cinq minutes par jour suffiront, dans la cour de récréation, à la cantine ou à l'étude. À chaque moment de la journée la générosité a sa place.
MERCI Monsieur Gilles Jacquier.